Un peu d'histoire

       La vallée du Biros est un petit « pays » montagnard adossé à l 'Espagne, aux confins du département de l’Ariège.
       Vers 1789, la vallée fortement peuplée vit essentiellement d'élevage et de culture. La proximité de l'Espagne, et plus particulièrement du Val d’Aran, a favorisé un commerce important de chevaux et de mulets. La population ne cesse d'augmenter jusqu'en 1846 pour atteindre 3600 habitants. Les jeunes émigrent vers la plaine, au rythme des saisons (été - automne), pour trouver du travail. Les faucheurs partent en Espagne, les vendangeurs dans le Languedoc, les planteurs de vignes vers le Bordelais, faisant le voyage à pied, comme les colporteurs.
       L 'ouverture des mines de Sentein est l'une des dernières chances de vivre et de travailler au pays. L 'exploitation du minerai de plomb .et de zinc débute en 1852 sur le site du Bentaillou par des galeries d'altitude (1800 - 2000 m). Le minerai est descendu au fond de la vallée pour être traité au "Bocard"(nom du broyeur servant à concasser le minerai). Les Biroussans deviennent alors des ouvriers-paysans: ils alternent travail des mines et travail des champs, au gré des saisons. De ce fait, les femmes s 'occupent souvent seules de la ferme pendant une partie de l’année, quand elles ne sont pas embauchées au tri du minerai.
       En 1878, une société anglaise rachète les mines. Les nouveaux patrons veulent conserver des ouvriers permanents et non plus du personnel à la journée, trop fluctuant à cause des contraintes de l'élevage. L 'embauche est dorénavant mensuelle.

       Sous la Mail de Bulard, un filon de plomb et de zinc argentifère d'excellente teneur va être exploité de 1900 à 1922. En raison de l'altitude (2500 - 2600 m), on n’y travaille qu'à la belle saison. L 'accès aux galeries se fait par un chemin étroit taillé à même la roche surplombant un à-pic de plus de 500 m et le nombre d'accidents mortels qui s y sont produits lui a valu le surnom de « mangeuse d'hommes ». Au maximum de son rendement, on y compte jusqu’à 160 ouvriers.
       Les mines espagnoles du Fourcaye, de concession française, acheminent le minerai par le Port d'Orle. Il rejoint le Bocard d'Orle par l'ingénieux système Decauville - rails et wagonnets.
       Le marbre rose veiné de vert de Balacet contribue à la richesse biroussanne de 1867 à 1977. Coupés par câbles d'acier, les blocs sont acheminés dans l'Hérault pour être sciés et polis, avant d'être exportés aux Etats-Unis. On peut visiter la carrière au cour d'une petite balade.
       On retrouve des traces d'exploitation de cuivre dans la forêt d'Irazein dès 1909. Le minerai est transporté à dos d'âne jusqu’à Bonac, puis en charrettes vers Saint Girons.
       En 1854, Jean-François Courteilh, notaire et commerçant de Sentein, reçoit l'autorisation ministérielle d 'exploiter les sources d'eaux de Sentein (ferrugineuse, et arsenicale). Elles soignent l'anémie et les affections de la peau. Le début du XXème connaît un engouement particulier pour les stations thermales de montagne qui se concurrencent entre elles. Et: 1939, celles; de Sentein ferment. En 1960, le domaine du « Pradeau » est vendu à une caisse d'assurance maladie parisienne pour servir de colonie aux enfants de son personnel.
       Le plein essor de l'exploitation minière se situe entre 1900 et 1914. En 1904, 400 ouvriers travaillent aux mines de sentein pour un salaire de 150F par mois (1 franc-or = 60 F de nos jours). L 'année suivante, le nombre d 'ouvriers dépasse les 500. Dans l'annuaire ariégeois de l'époque, on trouve au Biros 16 aubergistes, 4 boulangers, 2 cordonniers, 4 tailleurs, des notaires, mais aussi, une gendarmerie, un poste de douane, un bureau des Eaux et Forêts. En 1913, c 'est l'inauguration du tramway électrique Saint-Girons/Sentein. Il sert essentiellement à acheminer le minerai, mais aussi les voyageurs. La crue du Lez d 'octobre 1937 emporte la route et les rails entre Eylie et Castillon; elle met un terme à son service.
       1914 : Les jeunes gens du Biros partent nombreux à la guerre. Peu reviennent : 25 % des mobilisés sont tués aux combats (16 % en moyenne en France). Le rôle des femmes s'accentue dans les fermes. Des Espagnols et des Italiens sont embauchés dans les mines.
       Dans les années 20, l 'ambiance sociale des mines n 'est pas excellente et, après plusieurs mois de grèves, le Syndicat Unitaire des Travailleurs du Sous-sol est fondé en 1924. En 1926, avec la crise monétaire, le conflit éclate à nouveau. L 'année suivante, les cours du plomb et du zinc s 'écroulent; la Société Minière de Sentein cesse ses activités d'extraction.
       A la demande de l'UPE (l’ex. EDF), le célèbre spéléologue Norbert Casteret descend dans le gouffre Martel et explore la grotte de la Cigalère. Il s 'agit d'un torrent souterrain dont les réseaux pénétrables par l'homme se développent sur près de 14 kilomètres avec des lacs et des cascades. La richesse des cristallisations qui s’y trouvent a, depuis leur découverte, contribué à la réputation de la grotte. L 'analyse du réseau hydrogéologie contribue à la construction de l'usine d 'Eylie et du barrage de l’Etang d'Araing. L'usine électrique est équipée de matériel allemand fourni en compensation de guerre 14-18. Elle est alimentée par une conduite forcée de 1000 m de dénivelée venant de l’Etang d'Araing (1910 m).

       Les mineurs sans emploi sont repris aux chantiers hydroélectriques jusqu'en 1941, date à laquelle les mines reprennent leurs activités. Une dizaine d 'années plus tard (1954-55), une nouvelle chute du cours du plomb et du zinc entraîne la fermeture définitive des mines. Malgré deux tentatives de réouverture infructueuses en 1963 et 1972, le site minier est abandonné.
       Après la guerre, l'exode augmente la population des villes au détriment des campagnes. Entre 1946 et 1990, le Couserans va perdre la moitié de sa population.
       De 1954 à 1974, la population du Biros passe de 1100 à 500 habitants et malgré l'installation "de néo-ruraux", la population chute à 300 personnes en 1990. (355 au recensement de 1999).
       En 1980 se crée le Village des Gîtes du Biros. Cette opération de rénovation d'anciennes granges permet la réalisation de 42 gîtes sur la vallée et emploie dix personnes, dont cinq saisonniers.